UNE VIE AVANT LE MARAICHAGE ???

Patrick Hébrard, installé à Rognes, est maraicher depuis quelques années seulement. Patrick entend parler de notre projet Carrément fou, Carrément bio. Interpelé par notre démarche, il entre en contact avec nous.

Dans sa vie d’avant, Patrick travaillait dans l’industrie comme directeur qualité. Il construisait des machines, du matériel pour l’agriculture et l’arboriculture. Il semble que la mécanique l’ait toujours intéressé. Mais voilà, la “modernité” du métier a transporté la fabrication dans de lointaines sous traitances. Son travail s’est focalisé sur le correctif alors qu’il aurait voulu pouvoir agir sur le préventif, en vain car délocalisé. Peu à peu, il s’installe dans le besoin de devenir maitre de ses actions, d’être à l’origine de ses choix. il s’est tourné vers la terre pour cultiver ce qu’il avait envie de manger !

DIRECTION LE POTAGER !

Au sortir de l’industrie, sa famille et lui se sont installés à Rognes où il a commencé à faire un jardin. Son épouse, professeur de biologie, exprime sa difficulté à trouver les produits qu’elle a envie de consommer. La solution semble évidente : un jardin potager ! Une terre familiale est disponible, l’opportunité devient évidence !

Peu à peu, le projet agricole prend tout son sens : “Je fais les légumes que j’ai envie de manger !”. Il intègre le lycée agricole pendant 1 an. Son objectif réside dans une agriculture bio et locale. Installé à Rognes, près des terres, la ruralité prend tout son sens. Depuis pas mal de temps, il ressent que notre système actuel revêt quelques incohérences, quelque chose ne tourne pas très rond. Dans cette nouvelle vie, il génèrera moins d’énergie grise, moins de déplacements. Définitivement, le local, le bio, lui semblent mieux pour sa famille, pour lui et pour l’environnement. Voilà, c’est fait, il créé le jardin des Mauvares !

LE JARDIN DES MAUVARES ?

Pourquoi le Jardin des Mauvares ? Car il est situé sur le quartier des Mauvares à Rognes. Ça veut dire les “mauvais ares”, des terres difficiles à travailler mais – et le “mais” est capital ! – qui peuvent donner beaucoup. Il réfléchit à la rotation des cultures, à une cohérence pour obtenir un sol qui s’agrade et non se dégrade. Il choisit une certaine idée du bio : pas d’hybride, pas de greffé, de faibles amendements. La qualité est toujours présente et il n’en dérogera pas.

Les chouchous de Patrick ? L’asperge, l’artichaut, le poireau. Il est plus à l’aise sur les cultures d’hiver que de printemps. Pour lui, l’arrière saison est plus favorable (les pommes de terre, les choux). Le terroir de Rognes, en général, n’est pas très orienté primeur. A 300 m d’altitude, les terres ne réchauffent pas très vite.

LE TRAVAIL COLLECTIF ?

C’est ici que se dessinent ses intentions de travailler avec d’autres producteurs. En effet, un parcellaire plus grand permet une meilleure rotation des sols ! Être maraicher seul ne lui semble pas économiquement ni écologiquement logique. Une mutualisation des terres, des compétences, du matériel éventuellement donnerait de la force à son projet. L’entraide et le soutien sont importants et pas seulement dans les moments difficiles. Maraicher, ce n’est pas un métier, on peut parler de vocation. La frontière est ténue entre l’univers personnel et professionnel.

EN EFFET, ON EST PLUS FORTS ENSEMBLE !

Le travail à plusieurs ne s’est pas mis en place aussi bien et aussi facilement qu’il le souhaitait mais… voilà qu’il entend parler de nous. Il est “bien content de l’aventure Carrément Bio” (c’est vrai, on le reconnait il le dit à chacune de nos réunions – pour l’instant !). Quoi qu’il en soit – et c’était un des objectifs de Carrément Bio – travailler à plusieurs permet de proposer une offre plus complète sur l’année, donc de travailler sans achat revente (essentiel aussi pour nous !!!). Pour cela, il faut des sols différents, des terroirs différents, de la continuité.

ET MAINTENANT ?

Voilà donc Patrick, après 8 ans d’activité, intégré à l’équipe Carrément Bio, qui s’oriente aussi vers l’enseignement. Il aime transmettre et souhaiterait faire monter en puissance des jeunes. Pour lui, faire de la formation, c’est “pour partager ce que j’ai appris, là où j’ai peiné pour faire gagner du temps aux autres”. Il ne souhaite pas plus de surface ni plus de production. “Ce n’est pas un métier de tout repos. Je gagne moins d’argent mais je vais mieux. Mes choix m’appartiennent. Ça a une grande importance.” Merci Patrick, nous sommes heureuses et fières de partager cette réalisation ensemble.